"wandering again from the west to the east." pv. AnCha

est à Auckland

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♣ Jet-lag. Grosse fatigue. Déjà quatre jours que j’avais posé mes valises, ici, à Auckland et les ravages du monstrueux décalage horaire ne s’étaient toujours pas atténués sur moi. Réveil en pleine nuit, repas à pas d’heure. Et puis le mal du pays aussi un peu. Mais j’étais convaincue que ça allait bientôt passer. Juste une étape désagréable. Et puis, c’est pas comme si j’en avais pour longtemps ici. J’avais juste à retrouver mon frère et à le convaincre de revenir à la maison, à Dublin. Dit comme ça, ça paraissait simple. Mais je me doutais qu’il n’allait pas aller dans mon sens, et encore moins me simplifier la tâche. Les choses n’avaient jamais été simples avec lui de toute façon, mais si j’avais fait le voyage jusqu’à l’autre bout du monde pour le ramener à la raison et surtout à la maison, c’était bien pour une raison. D’abord l’égoïsme, enfin j’ai bien conscience qu’il y a une part de cela là-dedans, mais c’est avant tout par amour. C’est bien le genre de choses que j’ai du mal à (m’)avouer. Que j’aime des gens. En tout cas, je ne lui dirai probablement jamais. Tout simplement parce je n’aime pas dire aux gens que j’aime que je les aime. Et c’est comme ça depuis toujours. Je suis là aussi pour le plaisir de l’embêter, de voir sa tête quand il me verra, de visiter ton appartement, de savoir enfin ce qu’il a fait de sa vie maintenant, de connaitre ses nouveaux amis, de lui faire regretter Dublin. Mais pour tout ça, encore fallait-il que je le trouve. Et ça n’allait pas être une mince affaire.

Je me sentais bien seule dans cet appartement tout vide. Pas très grand, mais relativement bien situé. Rien de comparable à la grande demeure familiale du centre-ville de Dublin, mais je dois bien reconnaitre que ça a de la gueule. Je pose les deux pieds au sol. Première fois depuis ces quatre derniers jours que je suis debout avant six heures du soir. Bon d’accord, il est cinq heures cinquante mais quand même, ça suffit à me faire sourire et à me donner la joie et l’énergie nécessaire à faire quelque chose d’intéressant de ma soirée. C’est vrai que je n’ai pas l’habitude de rester seule aussi longtemps. Il est grand temps que je sorte découvrir la ville, les bars, les gens… Mais il fallait en même temps que je fasse gaffe à ne pas tomber amoureuse. D’Auckland j’entends. Parce qu’autrement je serais prise au piège et me retrouverait prisonnière de cet endroit. Oh non, il ne fallait surtout pas. Retrouve au moins Liam d’abord, ensuite avise. Je me lève, ouvre ma valise. J’avais en tout et pour tout assez de vêtements pour tenir la semaine. Tous mes vêtements d’été en l’occurrence, vu qu’à Dublin je n’en voyais que trop peu l’utilité. J’optai pour un short et un léger débardeur. Tout simple. J’empoignai la brochure qui se trouvait près de mon lit, actuellement seul meuble de l’appartement. Elle m’avait été remise à l’aéroport, des adresses utiles ou pas d’ailleurs y étaient indiquées afin de « passer un bon séjour ». Je l’ouvris directement à la page « bar et nightclubs ». Près de chez moi il n’y avait que The Whiskey. Trop fréquenté à mon goût. Plutôt le genre d’endroit où aller avec des amis, au contraire pas pour s’en faire. Définitivement non. Mes yeux parcouraient la page comme à la recherche du Saint-Graal. Stop. Je lus la petite description de l’endroit, et c’était décidé. Ce soir j’allais me poser au Vanilla, qu’importe que je doive traverser la ville pour m’y rendre. Je pensais que c’était le genre d’endroit dans lequel Liam pouvait se rendre voilà tout. Un grand sourire s’afficha sur mon visage. Pour la première fois depuis quelques temps, je ne ressentais aucune fatigue. Rien. Nada. Que tchi. J’allais pouvoir tenir. Hallelujah. J’embarquai mes affaires et fermai la porte derrière moi en sortant.

Etonnamment, je n’eus pas trop de mal à me déplacer dans Auckland. Les transports étaient calqués sur le même schéma qu’à Dublin. Et puis il est vrai aussi que je n’ai jamais eu à me plaindre de mon sens de l’orientation. Je suis une vraie citadine voilà tout. J’avais l’habitude de tout cela. Bon à vrai dire, depuis toujours les taxis ont la priorité sur le métro ou autres bus. Je hélai donc la voiture qui passait. Au vu des regards que les passagers m’adressaient, il ne s’agissait pas d’un taxi. Oups, désolé. La fois suivante fut heureusement la bonne et le trajet jusqu’au Vanilla se déroula dans un silence religieux. Mais cela ne me dérangeait pas et lui non plus visiblement. Je claquai la porte et paya la note. Alors c’était donc ça. Je souriai encore. Soufflai une fois, deux fois, trois fois. Et entrai. L’intérieur était plein de charme et les lieux peu mais bien fréquentés. Je m’y plaisais déjà. Bien que je ne vis pas Liam. Mais ça ne me perturbais pas plus que ça en fait, tant j’étais heureuse de retrouver une partie de ce à quoi ressemblait mon ancienne vie. Choix stratégique, je m’installai au comptoir. Tout simplement pour que ma solitude passe plus discrètement et aussi parce que j’avais plus de chances de ma faire aborder, comme dans les films. Haha. Une serveuse se dirigea vers moi. L’air tout à fait charmante. Je me demandai si elle connaissait Liam, et je mourrai d’envie de lui demander mais au lieu de cela, j’ouvris la bouche pour dire :

« Bonjour ! Une Guinness s’il vous plaît »

J’essayai de camoufler mon accent. Mais je n’y parvenais pas il était trop marqué. Ancré en moi. Je ne m’arrêtai pas de sourire et je triturais la chaîne qui pendait à mon cou en espérant qu’elle ait un pouvoir magique ou une connerie du genre. Tout simplement parce que la seule autre personne qui en possédait un exemplaire identique était son frère. Et le moindre indice pour le retrouver était bon à prendre.